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 Le cinglé et sa soeur

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MessageSujet: Le cinglé et sa soeur   Le cinglé et sa soeur EmptyLun 2 Oct - 20:43

Le cinglé et sa soeur Meurtredg6


le cinglé et sa soeur

* autour d'un drâme policier, je tente de mettre en opposition,
la culture paysanne et celle de la ville



Epuisée d'avoir veillé sur leurs corps anéantis par l'absence de sommeil, la lune a cédé place à ce soleil qui déjà se pavane à l'horizon. Sur les toits de tuiles devenus blanchâtres par la neige qui résiste encore à sa chaleur naissante. L'odeur de boisson noirâtre, l'odeur de pain cuit à la cendre se mélangent à celle de la fumée qui s'échappe de l'antre de la cheminée. Les bols s'entrechoquent, portés par les mains de la femme devenues maladroites de tant d'années vécues. Le chat s'étire, dérangé par tout ce tintamarre auquel s'ajoute le clopin-clopant des sabots du père, qui sans mot prononcé, se laisse choir lourdement sur la chaise de paille éventrée. Ce matin, l'horloge tarde à compter le temps, ce temps qui aux autres jours s'élance trop vite. Bu sans soif, mangé sans faim, l'un et l'autre s'en vont aux occupations futiles des
jours sans joie.


Qu'auraient-ils bien pu y faire, cruelle certitude qui leur vient à la pensée, tous les jours que le jour ce fait.. pis encore ce matin! La mère renifle dans son tablier sale du gras de toutes ses cuisines, le père ronchonne dans sa barbe oubliée d'être rasé. Qu'aurait-il fallu faire, ne pas faire, qu'auraient-ils pu y faire que ce fils ne parte à la ville? Non point un esprit dans le dérangement qu'il a, tout au plus un homme sans tête bien faite pour s'en aller vagabonder auprès de la diablesse de bru, au lieu de prendre relève aux champs qui ont grand besoin d'entretien! Faudra y aller à la lisière, chemin trop caillouteux ou pas pour nos os tordus par les ans, faudra y aller redresser la clôture écroulée par le vent de la nuit de l'autre nuit, ce n'est plus lui qui le fera, le fils!

N'en dise monsieur le Juge, n'importe qui peut dire n'importe quoi! Il s'est bien passé quelque chose ce jour là... mais pas ce qu'en dit le juge. Et la Catherine s'en tire à bon compte, la fiéraude de bru... non point qu'elle soit mauvaise, mais s'en est point elle qui mettra la vache au champ, sortira la fiente du poulailler, trop occupée qu'elle était à dire la chansonnette à qui
voudra... et çà le Juge ne veut pas l'entendre!

Trop envahi par ses noires pensées, le père-vieux ne voyait pas que du monde entrait dans la cour. La mère, elle, était sortie, un châle délabré jeté à la hâte sur ses maigres épaules. Dans la cour, le maire engoncé dans un costume qu'il n'avait point habitude d'enfiler, se donnait contenance en s'appuyant l'avant bras sur la charrette à foin. Monsieur l'Avocat, plus blême que les autres jours, regardait au loin un envol de perdreaux. Le curé s'en prenait à ses yeux qu'il frottait dur, tant gauche était la situation. La Catherine n'était pas là....

Le grincement strident de la lourde porte de bois fit tourner les têtes: le père faisait irruption et de sa voix éraillée par le temps questionna sans empressement:
- et alors ?
l'avocat se racla longuement la gorge, puis d'une voix inaudible siffla:
- la mort.. ont dit les jurés...
-voyou de fils ... répondit le père, qui sans dire davantage se dirigeait vers l'étable.



Arrivé péniblement jusqu'à l'étable, encore abasourdi par " le mise à mort" des jurés, le père-vieux, nommé ainsi dans la contrée parce qu'il était le plus âgé, 78 ans déjà depuis que sa mère était morte en couche, se laissa affaler sur la botte de paille la plus proche de lui qu'il aperçut, souffla bruyamment dans le mouchoir noir de ne pas être assez souvent lavé, frotta ses mains calleuses sur le pan de sa chemise usée pour en ôter la terre, sortit une pipe de sa poche, pipe qu'il n'allumait jamais ici de peur de mettre le feu, gratta lentement une allumette et se laissa glisser dans ses tristes rêveries. L'odeur âcre du tabac couvrait maintenant celle de la puanteur du crottin de la veille qu'il n'avait pas eu la force d'ôter, ou pas l'envie, on ne sait plus...il s'offrit le luxe même de déchausser ses godillots, d'enfouir ses pieds sous le flanc du veau qui ruminait à moitié dormant. Le courage l'abandonnait.
- Faut-il que je sois sot pour avoir vendu le grand pré au Jos, pour payer cet abruti d'avocat! Etait beau ce pré de mon père, l'été surtout. Sûr que les coquelicots foisonnaient de trop, que même avaient envahi la luzerne haute prête à la coupe. C'est si beau un coquelicot bien rouge au milieu de cette herbe bien verte. De ma fenêtre, attendant la soupe, je pouvais admirer la nuit leur tomber dessus. Ils devenaient violet, puis tout noir, mes beaux coquelicots rouges. J'en serais resté toute la nuit au dehors pour attendre que le matin leur redonne de la couleur... maintenant y a les moutons du Jos, l'herbage bien coupé, disparus mes coquelicots, plus de fils non plus.. ça aurait changé quoi si j'avais pas signé leur papier, on a jamais su lire dans la famille... On a pas besoin de ça, vu qu'on travaille à la terre, que ce qui se passe au dehors, c'est le curé qui nous le dit.

Ne sais même pas si ce que j'ai dit, ils l'ont écrit, ou s'ils ont écrit ce que je n'ai pas dit, qu'ils m'ont fait bien des ennuis avec leurs questions, j'ai dit que c'était pas ça, qu'ils m'embrouillaient avec leur idée à eux de prévenir le parquet, vu que chez nous, on parle pas aux parquets! Les voilà à chaque coté de moi à vouloir me dire ce que je dois dire, et que quelque chose s'est mis à casser dans ma tête. J'ai eu la sueur de colère qui me venait de partout quand ils ont dit que valait mieux ne pas avoir de fils qu'un fils comme ça! Même que je criai dur pour leur dire que mon voyou de fils était un bon travailleur, qu'il avait sûr la fureur de jeunesse, qu'il avait sûrement pas voulu ça, jusqu'à ce que la Catherine s'en mêle, que c'est elle qui a fait toutes ces complications! Et le voilà à mort par les jurés mon fils et que....
Le père-vieux sursauta en entendant sa femme crier au feu. Déjà de l'étable les flammes vomissaient leur haine, le cheval de trait écrasait le portillon de bois et s'enfuyait pendant que le veau récemment né ignorant le danger, continuait sa rumination de lait. Au lieu de se lever, il s’enfonça davantage dans la paille.

- si mon Paul était là... pensa t-il

*

à suivre?.....
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MessageSujet: Re: Le cinglé et sa soeur   Le cinglé et sa soeur EmptyMar 3 Oct - 10:43

WOUAAA!!! Sincerement ces quelques lignes me rapellent un certain Jean Giono pour lequel j ai une admiration certaine.Tu réussis à me plonger dans ce monde et à me faire ressentir des émotions.J ai beaucoup aimé la description des personnages et des situations;mais également le systéme à tiroir des idées pour parler plus technique.De plus tu as reussis à me faire sourir à la fin de ce petit extrait.
BINGO tu as réunis tous les éléments que j aime...

Merci à toi

J espere lire la suite bientot..


Dernière édition par le Mer 25 Oct - 16:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le cinglé et sa soeur   Le cinglé et sa soeur EmptyMar 3 Oct - 11:58

2



A trente kilomètres de ce village nommé Le mignon, maître Delplas dévalait les marches du palais de justice de Vours, clignant des yeux tant le soleil était encore vigoureux en cette fin d'été, s'engagea prestement dans le parking souterrain où il retrouva quelque fraîcheur, jeta le cartable de cuir à l'arrière du véhicule, repositionna sa cravate, lissa ses cheveux d'une main , tout en se faisant la réflexion que ses cheveux grisonnants, son embonpoint, lui donnaient un aspect plus vieux qu'il ne l'était réellement à force de trop manger, trop fêtard qu'il était. Puis, démarra en trombe faisant crisser les pneus de sa jaguar. Le téléphone portable éteint, il était tranquille pour un moment. On était le jour ou il rejoint Aurélie, source de jouvence, qui pour lui s’était sûrement déjà faite fraîchement sexuelle. Une gamine qui se pend à son cou, qui lui rend jeunesse, le revigore, lui donne importance, ce qui l'amuse, tant pis si la belle Aurélie rêve et pleure un peu...Au lieu de s'engouffrer dans la ruelle qui le mène au studio, il vira sur la gauche pour rejoindre le boulevard du centre ville, où une masse humaine bigarrée et compacte se mouvait comme une pieuvre. Il brûla le feu rouge pour se retrouver, en passant le pont, sur l'autre boulevard aux superbes platanes qui jouxtent la prison. Il était pressé, il n'avait pas que cela à faire, Aurélie l'attendait. Mais auparavant il devait se rendre au centre pénitencier de Vours.

Cliquetis de serrures, il entra. Ce qui lui était désagréable était de fréquenter ces deux vies côte à côte dans la même ville, l'une faite de cris joyeux, l'autre de cris haineux. L'une faite de la belle turbulence des foules, l'autre de l'immobilisme navrant des détenus. Quitter la rue était un moment difficile pour lui, en ressortir aussi, tant la foule bruyante lui sautait à la gorge, après ces moments de tout aussi bruyants gémissements de détenus.

Assis sur une chaise qui déjà lui faisait mal au dos, observant la saleté des lieux délabrés, il était à ses pensées quand fit irruption un homme courbé, qui, au premier regard, il ne reconnut pas.
« Il a un sacré coup de vieux, perdu de sa superbe, pensa-t-il. Que deviendra se pauvre bougre quand on le jettera dehors après 14 ans passés dans ce lieu mortifère ? Trop dangereux pour être libérable "le cinglé". Je suis certain qu’il y a un lien entre Paul Gontag, fils du « père-vieux » condamné à mort pour le meurtre d’un couple de retraités et lui. Fou il est, filou également, lui faire dire ce qu’il sait de cette boucherie..mauvais pour ma carrière si je défends deux dossiers qui sont liés par une même tuerie ; pas très clair non plus le Paul. Et cet assassin là, qui a tué à tout va dont la sœur Angélique de Vaugour , n’est autre qu’un écrivain de tragédie connue. Elle m’avait adressé un témoignage poignant du comportement d’Erwan son frère,. Elle y décrit une de ces habituelles scènes de folie qui vous glace le sang. J’ai toujours en mémoire ce document dans lequel elle écrit :

»J’entrais dans la pièce lorsque un coup sec sur le carreau le fit sursauter. Une brèche dans le silence de cette nuit là où germent dans son esprit l’envie d’en finir avec sa solitaire solitude. Erwan avait passé tout son temps à fixer les éclats de lueur du chêne se consumant dans l’antre de la cheminée. La chaleur exceptionnelle en ce début d’automne ne parvenait pas à le réchauffer et il s’était blotti dans la chaise à bascule, engouffré dans un chandail au col remonté jusqu’à la bouche où pendait une pipe éteinte. Un verre d’eau de vie à la main, le regard fixe, aucune organisation mentale ne semblait lui parvenir. La sueur lui perlant le front, ne rassemblant pas ses idées, l’angoissante certitude d’être désorienté l’envahissait lentement. Attiré par le vide, il se pencha en avant tout prêt de la flamme du feu, tourna lentement la tête vers ce bruit incongru qui lui était parvenu de la fenêtre, plissa les yeux comme pour mieux entendre. Un deuxième coup plus violent le fit bondir hors du rocking-chair. Il plaqua sa main à la vitre au moment même ou une masse noire y venait s’écraser, puis glisser le long du carreau dessinant une coulée pourpre. Les yeux exorbités, pétrifié, il se mit à convoiter l’idée que la masse allait s’adresser à lui, lui qui n’avait entendu aucune vocalise depuis la nuit des temps. La masse se posant avec douceur sur le rebord de pierre, lui apporta l’apaisement. Il pouvait s’en retourner à son immobilisme et tenter de rassembler ses idées et calmer cet accès de panique qui lui était familier. Après tout ce n’était pas un être dangereux qui était venu à lui. C’est du moins ce qu’il en concluait. Mais un grincement sourd venu de par son dos le fit tituber, il en perdit l’équilibre, tomba sur les genoux. Voulant hurler sa peur, il ouvrit la bouche, sa pipe s’en échappa, au son d’une balle en bois rebondissant sur le sol carrelé et balbutia :
- Angélique, la masse a lavé le carreau avec du sang et m’a dit de laver les murs avec du sang »

L'avocat sursauta:
- m'avez demandez ?
-euh...oui
-et alors ?
-suis pas venu pour votre dossier qui....
-en quoi ça m'intéresse alors? hurla furieux "le cinglé" , tout en se levant brusquement en renversant la chaise
-attendez! C'est à propos de Paul, le fils du "père-vieux"
- ben... lui ont pas coupé la tête à celui-là ? dit-il en se rasseyant interrogateur.
-non..pas encore..
-savais pas ça...et alors?
-alors vous étiez du même village
-avec Paul on faisait les mêmes conneries et on rigolait bien
-justement ! avança prudent l'avocat
- justement quoi ? hurla à nouveau le détenu

L'avocat s'essuya la sueur du front avec la manche de son costume et desserra sa cravate.
Il savait qu'il ne tirerait rien de ce fou dangereux s'il le contrariait. De plus, le gardien aussi joufflu que mou, ne semblait pas à la hauteur d'éventuels coups à venir. Inquiet, il se racla la gorge et..
- t’accouches l'avocat!! Rajouta "le cinglé" prêt à bondir
-euh... pas sur que Paul soit coupable de la tuerie de..
"le cinglé", frappant un si grand coup sur la table qu'il l'en renversa, partit d'un énorme éclat de rire qui en fit vibrer les carreaux de l'unique fenêtre, sursauta le gardien joufflu, pendant que l'avocat maîtrisait sa peur
-et y a qui, qui se pose encore la question ?siffla "le cinglé"
-le juge et un commi...
-y a qu’a demander au "père-vieux" coupa-t-il sèchement

L'avocat écarquillait les yeux, du blême passait au violacé, une petite toux étranglée rendant inaudible son propos. "Le cinglé" comprenant la situation, poussa son avantage, repoussa sa chaise, ramassa la table, y laissa tomber ses jambes et d'un air détaché lui demandait:
-zavez pas un pétard?

C’est le gardien qui se précipitait pour lui donner une de ses propres cigarettes.

-Le Paul, ça pouvait pas être lui, vu qu'il était dans la grange à cogner la Catherine qui revenait encore de la ville où elle avait encore trop bu et fait n'importe quoi avec les autres. Le "père-vieux" avait entendu les cris, et comme il avait honte pour son fils de battre fort une femme, il a jeté le Paul dehors avec son fusil.

-le "père-vieux" a tiré sur son fils? s'étrangla l'avocat
-ben, oui...et le Paul est vite retourné à la ville, son père n'avait pas vu qu'il l'avait percé la cuisse d'un plomb. Quand les gendarmes ont trouvé la boucherie, ils ont pensé à Paul vu qu'il était blessé et qu'il avait la rage, sauf qu’il était dans la grange à frapper sa femme à ce moment là.

"Le cinglé" se donnant de l'importance prenait plaisirs à bavarder.

- qui va prouver que ce n'est pas Paul le tueur ? s'exclama l'avocat
- demandez au père-vieux que je vous dis! répondit le détenu de nouveau menaçant
- mais... il est mort brûlé vif dans l'incendie de son étable!
-savais pas ça.. c'est bien dommage.. pas mes affaires...

Sans en dire davantage "Le cinglé" tout en faisant signe au gardien de libérer le verrou, se leva .
- " pas envie qu'on me tranche la gorge, vaudra mieux me taire" pensa-t-il.

*

à suivre?
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MessageSujet: Re: Le cinglé et sa soeur   Le cinglé et sa soeur EmptyJeu 5 Oct - 19:41

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Antoine Fortin claqua la porte de l’établissement où il avait une fois de plus passé une nuit de débauche et se précipitait déjà dans la ruelle qui jouxte la prison de Vours, une ruelle de la vieille ville encore assombrie du soleil à peine levant. Passant sa main dans ses cheveux il sentit une texture gluante, abaissant les yeux il s’aperçu qu’un bouton manquait à son chandail, sa chemise était aussi fripée que tachée. Une odeur acre de sueur et de vins mêlés lui donnait la nausée. Atteignant la place du marché d’un pas mal assuré, il vit son visage dans le reflet d’une vitrine : le teint terreux, deux traces bleuâtres entouraient ses yeux aux paupières gonflées. C’était lui-même.

- Je suis lugubre... pensa t-il. Elles me surnomment « le forçat de l'amour" ... toutes ces soumissions des corps, quel dégoût! Sur elles je crache toute ma haine, mes mœurs débridées me font oublier la morosité de ma vie de célibat, quelle anarchie... me suis encore fait plumer cette nuit, tant pis, et cette tête qui bourdonne… suis un gougeât, un Moise sans terre, aux gestes assassins, condamné aux corps prostitués, je ne suis que dans un vil tombeau, dans un cachot dont j’ai perdu la clé, je n’aie plus de repères, j’en titube… à 40 ans
Il se renfrogna davantage en s’apercevant qu’une femme l’observait en s’approchant de lui :

- Je sorts de chez les "Paillassons Bleus" lui lança t-il provocateur
- pour un si joli nom, cela doit être un bel endroit, répondit-elle paisiblement
Il écarquilla les yeux incrédules
-vous semblez épuisé, ajouta t-elle
- épuisé de trop d’amour écœurant, gronda t-il
- l’amour n’est jamais écœurant monsieur
- ne me dites pas que vous ne saisissez pas
- je ne vois pas, répondit t-elle, sa bouche charnue en forme de coeur
- que faites vous à cette heure dehors alors ? répondit t-il interloqué
- je prends le frais de ce matin d’été, j’écoute les oiseaux gazouiller, le soleil est d’or à cette heure.

Il l'écoutait parler, s'amusant à l’étudier paisiblement :

« Quelle fraîcheur elle a … dans les 44 ans peut-être ? Quelques rides charmantes aux coins des yeux, deux fossettes qui entourent sa bouche sensuelle, sans maquillage aucun, le teint frais, ses bras à chacune de ses paroles qui volent autour de son corps svelte, gestes légers comme les ailes d’un papillon... elle sent bon la lavande, ou la camomille… et puis cette jupe virevoltante aux couleurs de coquelicots, cette masse de cheveux noirs longs et soyeux dénoués sur le dos, un regard noisette… » Troublé de ressentir quelque émoi et bien repousser cette âme charmante, il cru bon de lancer une phrase assassine

- suis fatigué de mon odeur, de ma saleté, des femmes
- Oh non … Vous semblez épuisé tout court.
S’en était trop pour lui... de colère face à cette indulgence il hurla :
- allons boire un verre de mauvais vin
- un thé plutôt ?


Effaré de sa réponse, il en perdit son odieuse insolence et se surprit à la prendre délicatement par le coude.
Ensembles ils s’engagèrent sur le Boulevard des Etoiles.
Les coudes délicatement posés sur la table en rotin, le visage entre ses mains, sa large jupe cachant ses genoux, Anne l’observait.


« Etrange personnage que voilà, pensât-elle. Terrifiant regard sombre, que de haine dans ces yeux là! Il prend des airs de chat, mais il est rapace qui se terre, prêt à bondir sur sa proie. Sa surdétermination à détruire fait frémir! Quel dégoût il inspire…ses cils trop longs donnent une angoissante profondeur au noir ébène de ses prunelles… même pas une ébauche de sourire pour atténuer ce regard assassin. Sa bouche écoeurante à elle seule est un monstrueux appât, pincée à souhait… lorsqu’il l’entrouvre, ce sont les gorges profondes des tanières des loups qui se font jour. Le cheveux trop long, collé de sueur, à lui seul, il est la condensation de l’homme de la préhistoire, obsédé de copulation. Il sent le bouc… Il ne doit pas être tête à production intellectuelle… »

- un peu de thé ?
- volontiers

Lamentablement affalé dans le fauteuil qu’il avait pris soin d’écarter de la table ronde, le chandail entre ouvert, Antoine se lissait le cheveux, tout en buvant goulûment la coupe de champagne qu’il s’était commandé.

« Elle semble bien songeuse, remarqua t-il. Ou paisible... . En tout cas, elle m’est très agréable. Elle me fascine! Ses yeux sont deux noisettes à croquer et son regard n’est que douceur et bienveillance… ses doigts allongés et si soignés me font penser aux frêles tiges d’un saule. Ses cheveux qui lui tombent jusqu’aux reins, encadrent ce visage tout d’innocence virginale, ce corps longiligne si frêle flottant dans les airs: un radieux papillon j’ai trouvé là ! Je n’en ferai pas un appât cette fois, elle sera mon guide. A priori je ne la laisse pas vraiment indifférente, ses yeux sont rivés aux miens…. J’en deviens fou ! »

- quel bonheur d’être attablée ici…
- avec vous surtout
- le soleil a envahi la place….
- vous avez envahi mon cœur
- amusante cette enfant, un chien plus gros qu’elle en laisse…
- c’est vous qui me tenez en laisse
- et ce pigeon qui roucoule…
- j’aimerais roucouler avec vous !
- et ce parfum que dégagent les…
Haletant, il bondit vers elle, envahi d’une colère ingérable, l’attrapa par la manche de sa robe, et, dans un grondement pitoyable lui rétorqua violemment :
- pourquoi me répondez vous des balivernes?
- je vous observe…
- et dans quel but ?
- suis à la recherche d’un personnage particulier…
- quoi ?
- je suis Angélique de Vaugour, écrivain de tragédies…

Sans mot dire, il s’extirpa lentement de sa chaise et reprit le chemin du « Paillasson Bleu »

*

la suite?
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MessageSujet: Re: Le cinglé et sa soeur   Le cinglé et sa soeur EmptyDim 8 Oct - 2:09

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De fureur il claqua la porte et dévalait déjà l’escalier tout en essayant de boutonner sa chemise dans la pénombre. Quelle poisse que de se faire réveiller à une heure pareille un dimanche matin. Le dimanche est jour des cris de joie des enfants… oui, des rires il n’y en a plus chez lui, il n’a plus d’enfants, ses enfants sont partis, ont des enfants, lui n’en a plus… bref, le temps d’avaler un café, pas même une douche, et le voilà dégringolant le grand escalier en bois qui craquait sous ses pas.. 6 étages… le charme de ces vieux immeubles , duplex et terrasse, pas d’ascenseur, avec seul bémol la vue sur la prison de la ville, ruelle à laquelle mène le "Pavillon Bleu". Pas ce qu'il apprécie le plus mais …un glissement étrange, le bruit sourd d’une chute, le roulement d’un corps qui rebondit sur les marches….le silence de la nuit revenu.


Une porte grince sur ses gonds, une main allume le plafonnier, des yeux brillent dans la pénombre, observent la scène. Le bruissement de pas qui descendent l’escalier, s’immobilisent, une ombre se penche, puis remonte prestement, la même porte se referme doucement.

-Il tarde le patron… à 56 ans, se fait vieux, il fatigue… on ferait mieux d’aller le chercher. Il a dû se rendormir et n’entend plus son portable. L’affaire est grave.. Sans lui on va s’y perdre. Déjà 6 heures du matin … bon sang ! On perd du temps j’y vais !

Arrivé au bat de l’immeuble un attroupement de badauds regardait vers la porte de l’immeuble. Il était ahuri de voir tout ce monde à cette heure matinale mais n’eu pas le temps de réfléchir davantage, un inspecteur l’attrapant par la manche :

-c’est le patron
-quoi le patron ?
- trouvé dans l’escalier
-un malaise ?
-non non.. mort…le crâne en sang, fracassé
-quoi ?
-je ne sais pas qui a fait çà mais..
-on le trouvera t’inquiète !
-sa chemise est déboutonnée, il a dû se battre : des traces des sang qui remontent vers le pallier du locataire du troisième
-quoi ? Qui remontent tu dis ?
-oui jusqu’à la porte de ce homme veuf qui habite seul avec son garçonnet de 3 ans

Sans se concerter, les deux hommes se précipitèrent à l'intérieur de l’immeuble. Le spectacle donnait la nausée. Leur "patron" gisait à terre dans une marre brunâtre, tête disloquée de l’axe du corps, les yeux grands ouverts le regard épouvanté.

Au troisième étage ils se butèrent sur un homme, cheveux hirsutes, habillé d’un simple caleçon qui gesticulait tout en se plaignant auprès du concierge de ne pas pouvoir s’endormir avec tout ce tintamarre, qu’il rentrait de sa garde de nuit, déjà que la chaleur de l été le gênait, qu’il avait trouvé son voisin d’immeuble, le Commissaire, affalé dans l’escalier et rien pu faire. Qu’il était déjà mort, les cervicales en morceaux, qu’il avait alerté ses collègues du centre de secours, que réveiller son fils à …

Il fut interrompu par son petit garçon qui apparu, un jouet à la main qu’il semblait vouloir maladroitement cacher derrière son dos. L’attitude de l’enfant n’échappa pas à l’inspecteur divisionnaire qui pensa que l’enfant avait peut-être vu quelque chose :

-dis moi petit, c’est à toi ce camion ?
-ben oui, répondit l’enfant étonné
-un camion de pompier ?
-ben non ! C’est un camion de policier comme celui de mon papa quand il va travailler la nuit

Richard, inspecteur perspicace, resta perplexe. Le camion avait t-il été repeint maladroitement en rouge comme il l’avait pensé au premier coup d’œil ? Ou était-ce…l’idée qu’un enfant puisse être mêlé au meurtre de son patron lui sembla fou.

-Et.. c’est normal que ton camion de police bleu soit rouge ? questionna l’inspecteur prudent
-nanan.. il est bleu mon camion de police ! répondit l’enfant furieux
-et pourquoi est-il devenu rouge ton camion de police ?
-, j’ai joué dans l’escalier avec, j’attendais papa et c’est le gros monsieur qui est parterre en bas qui me l’a écrasé ! Maintenant il est tout rouge mon camion bleu ! Grogna boudeur le gosse avant de poursuivre:
- "dis papa, tu m’achèteras un autre camion de police bleu ?"


L’inspecteur, éberlué, voulu se convaincre d’avoir bien saisi. Il jeta un regard inquisiteur sur son collègue qui dandinait de la tête, faisant comprendre qu’il y avait matière à creuser. Voyant le gosse sur le point de filer, Richard le rattrapa par la manche de son pyjama. Le père, gardien de la paix dans le civil, restait stoïque mais inquiet, comprenant que son fils avait vécu en son absence un événement étrange.

-attends petit !

L’enfant lâcha son jouet, qui roula bruyamment dans l’escalier, se frotta les yeux de ses deux mains salies par le sang, fit danser ses boucles de cheveux ébènes en se tordant la tête d’un signe de négation.
- j’ai rien fait ! cria t-il de sa voix aigue.
- je sais que tu n’as rien fait, répondit avec douceur l’inspecteur, mais y avait-il quelqu’un d’autre avec mon patron .... le gros monsieur comme tu dis ?
- nan ! Il est tombé tout seul sur mon camion bleu! Rétorqua le gosse aux bords des larmes car se croyant accusé.

-Laisse Richard, interrompit son co-inspecteur. Tu vois bien que notre patron a tout simplement fait une stupide chute mortelle…Viens ! Ordonna-t-il en entraînant l’inspecteur principal vers l’escalier.

*


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MessageSujet: Re: Le cinglé et sa soeur   Le cinglé et sa soeur EmptyLun 9 Oct - 19:32

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Une dernière haie et il sera dans la prairie qui jouxte le perron. Le canon du fusil cassé, la main sur la besace vide car bredouille, il s’en moquait, il marchait tout en sifflotant, contemplatif de ce paysage idyllique, la vision étonnante de ce vieux cerf aux bois démesurés qui à son passage, lui avait jeté un coup d’œil surpris avant de sauter dans un élan majestueux, vers la foret verdoyante toute proche. A la lisière de ce refuge animalier, fait de biches, lapins à foison, perdreaux, pigeons sauvages, tourterelles, les plus vieux sapins et chaînes réunis en une masse dense et feuillues, abritaient des fleurs sauvages : marguerites, genets, joncs, jonquilles, coquelicots s’entremêlent à foison : un arc en ciel à terre ! Le soleil pénétrait le tout avec force et faisait un magnifique clair obscur, comme des pointes de lances en or. Le spectacle était féerique. Un lièvre au repos sur l’herbe encore fraîche l’observait. Amusé, il lui fit un geste de brutale préemption, à la quelle le lièvre répondit par un bond fuyard vers la plaine. Décidemment, la bonne humeur ne le quittait que rarement. Il humait les odeurs tout en songeant à ce que lui dirait Marilyne son épouse : - à ton age ! Et je lui répondrai comme à chaque fois, « malheureux chasseur, époux heureux, que voulez vous ! En s’attardant auprès du lac, pensif, il examinait ses mains d’une anormale longueur, à la peau devenue fine avec les ans, les ongles à l’image de son caractère, sobrement entretenues, les lunettes cachant un nez bourbon, seul épi extravagant sur ce visage éclairé d’une fossette au coin de la joue. Légèrement dégarni, le cheveu gris force le respect, malgré son air éternellement débonnaire.

- Henri ! Téléphone pour toi…Richard, c’est urgent !

Il contourna le saule aux fines branches emmêlées comme amoureuses les une des autres, enjamba le parterre de rosiers pourpres, escalada les marches du perron et d’un bond se retrouvant dans son bureau personnel, décrocha le combiné :

- Alors fiston, tu aurais pu m’oublier le jour des fiançailles ma fille!dit-il rieur, toujours aussi blagueur et un peu menteur, car, à l’entendre, sa fille se fiançait souvent.
- Je ne sais comment me dépêtrer dans tout ce chaos.
- Ton patron non plus ? répondit –il railleur
- Mon Patron est mort sur un camion bleu, le cinglé la tête au sol, un homme dit « l’ange bleu, forçat de… ».
- J’arrive ! Coupa sec le juge.
Juste le temps d’ôter ses bottes, le juge d’instruction était déjà au volant de sa jeep. -C’est bien la première fois que je vois Richard s’embrouiller dans son langage. D’un calme à toute épreuve, un caractère serein mais bien trempé, pas vraiment jovial, plutôt réservé, des yeux bleus de rapace, pas le style à paniquer devant un voyou armé, qui détalerait plutôt à la vue de sa grande taille, ses cheveux roux bouclés toujours hirsutes.. Une carrière prometteuse pour ce fiston là … Bien au dessus de la mêlée. Dommage que la petite Amélie ait filé avec un autre: inspecteur de police, quel métier !
- Faites moi disparaître cette horde de corbeaux, les paparazzis avec ! Et le cordon de sécurité, ce n’est que pour les stars de cinéma que vous les installez? Vociféra le juge en s’extirpant prestement de sa jeep. A la vue d’une immonde flaque de sang il devint blafard. Une tête, les yeux exorbités, avait roulé dans le caniveau ou l’eau de pluie récente était devenue couleur vermeille. Le corps amputé de son faciès était resté étendu à distance, à même le pavé. Le juge réprima un haut le cœur, tout en avisant une femme assise sur le trottoir, les genoux repliés sous ses fesses, une large jupe colorées ramassées en protection, une couverture sur les épaules, qu’elle serrait de ses mains crispées. Elle pleurait doucement le regard perdu. Cette jupe couleur coquelicot, est-ce du sang ou la couleur naturelle de sa jupe ?

- Richard, viens dans ma jeep m’expliquer ce que tu sais de ce carnage

Atterré par le comportement étrangement distant de Richard, cet inspecteur qu’il nommait « fiston », le juge d’instruction se ravisa, et au lieu de l’emmener vers son véhicule, l’entraîna au café le plus proche, choisit une table éloignée des autres consommateurs , d’autorité commanda deux grands cafés, puis, une fois assis, doucement susurra:

- raconte fiston

Richard en entendant ces paroles sursauta, quitta ses pensées d’un autre monde et se mit à s’expliquer avec lenteur. D’abord hésitant, les mots se bousculant encore, au fur et à mesure de ses dires, ses yeux reprenaient leur regard de rapace, sa voix redevenait soutenue, ses propos raffermis.

- Il n’y a pas même trois heures, commençât-il, mon patron s’est fracturé les cervicales en glissant sur le jouet d’un gamin, dans l’escalier de son immeuble. Il devait nous rejoindre. Il est mort sur le coup. J’en suis pas encore remis, il était dur mais sympa notre commissaire divisionnaire. Jamais il ne nous lâchait sur un mauvais coup. Il était gueulard, mais bon, on s’y était habitués …. J’ai envie de foutre le camp d’ici... autre chose à vous apprendre : Le « cinglé » s’est échappé de la taule. Quand il a compris qu’il serait accusé du meurtre des ses parents qu’il a tués à coup de hache. Un fou dangereux ce type là, un illuminé qui prétend punir les hommes en lieu et place de Dieu. C’est Paul, fils du père vieux qui avait été accusé et condamné à mort à sa place. Le père-vieux en est mort de chagrin dans son étable. On raconte qu’il s’est suicidé en y mettant le feu. L’affaire avait fait grand de bruit à l’époque. Il faut dire que le cinglé avait fait un vrai carnage sur ses vieux. La femme que vous voyez assise sur le trottoir est une dénommée Anne, écrivain de tragédie connue. J’ignore ce qu’elle fait là secouée de sanglots, incapable de s’exprimer, étrange … mais bon… sa jupe est couverte de sang, elle en a même dans les cheveux, pourquoi je l’ignore encore. On a embarqué un dénommé Antoine, un type louche qui fréquente assidûment le bordel d’en face. Celui-là, surnommé le « forçat de l’amour du paillasson bleu », va falloir qu’il s’explique. Il avait un sabre ensanglanté à la main quand on est arrivé dans la ruelle. Il était pétrifié sur place. Les filles n’ont rien vu, rien entendu comme d’habitude.

-dis moi fiston, interrompit doucement le juge, à qui est la tête dans le fossé ?

Richard dans un hochement fit comprendre sa fatigue. Il bu une gorgée de son café refroidit, tout en regardant alentour, après un long soupirs, finit par répondre :
-c’est la tête du cinglé….
-répète moi çà ! s’exclama le juge incrédule
-c’est le cinglé !
-t’as pas plus simple à m’offrir ?souffla le juge effaré


Sans se concerter ils reprirent côte à côte le chemin de la ruelle. Une ambiance de post cataclysme s’y était installée : aux cris d’effroi avait fait place un lourd silence tenace. La foule écartée, les techniciens du meurtre oeuvraient. Mensuration, photos et mise à sac et en sac : scellé de la tête arrachée à son corps, de l’épée prisonnière d’une main forcément coupable, trouvaille d’indices que l’on ne cherche pas. Comme dans l’antre d’une fourmilière chacun allant consciencieusement à sa tâche. Toute dissidence à ces actes protocolaires ferait capoter l’enquête, alors… l’activité satanique battra son plein, la vie intime de chacun sera décortiquée, déhumanisée, couchée sur un ordinateur zélé. Le jeu de passe-passe n’allait pas s’arrêter à la conjonction d’une tête sans corps, d’un homme hébété jusqu’à la totale décorporisation, d’une femme muette égarée dans un monde inaccaparable. Non ? Toute intimité sera profanée avec sagacité et bien-fondé. Des archipels du désordre pulsionnel aux plaisirs badins de la veille : l’inqualifiable impudeur sera loi au nom de La Loi, dont la suprématie ne lâchera pas son étreinte. L’étau se refermera et fera naître d’un thé dégusté à une terrasse une immondice en préméditation, de la fréquentation des lieux de copulation un sous être identifiable à la plus haute perversion, d’un jouet oublié dans un escalier le fruit de la haine de l’ordre établi. Quand à ceux dont les yeux n’ont rien vu.... au fait, où se trouvaient-
ils et pourquoi ?

Le dénommé Antoine « le forçat », trouvé le sabre ensanglanté à la main avait été embarqué menotté manu militari. Angélique « l’écrivain » était toujours assise comme statufiée, dans l’identique position où le juge et l’inspecteur l’avaient laissée. Le juge s’agenouillant devant elle, sur un ton qui se voulait paternaliste, entreprit de la questionner.
- vous avez été agressée, c’est ça ?
Lentement la jeune femme releva le menton et fit un signe négatif de la tête
- votre robe est trempée de sang frais. Vous etes choquée mon enfant, susurra le juge. Vous connaissiez le tueur au sabre n’est ce pas ? Qu’avez-vous compris de toute cette tragédie mon enfant ?
Sortie de son indolence par les propos entendus, Angélique enfonça ses yeux noisette dans ceux du juge :

- je suis le tueur, répondit-elle placide tout en se redressant fièrement le cou.
-que me chantez vous là ? s’exclama le juge les yeux écarquillés
- le « cinglé » est mon frère. Il a massacré nos parents à coup de hache, parce qu’il avait besoin de sang pour repeindre les murs en rouge comme le lui avait ordonné un esprit qu’il avait nommé «la masse ».
-l’affaire du village du Mignon, susurra Paul Glaive. Le vieux couple avait été découvert lacérés de coups par objet contendant, le médecin légiste avait conclu que…..
-Je l’ai envoyé en enfer…maintenant je peux vivre sans plus écrire de tragédie. J’ai horreur des tragédies. C’est Antoine qui m’a arraché le sabre de la main… valeureux cet homme… curieux que je n’ai pas saisie sa vaillance….peu importe, il est tard… trop tard.
Angélique se leva, se laissa docilement menotter.


*


affraid
FIN
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MessageSujet: Re: Le cinglé et sa soeur   Le cinglé et sa soeur EmptyMer 25 Oct - 16:24

Dénouement à la hauteur de ton écriture,encore bravo à toi.
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