Quelques lignes d'un roman en construction......
................. Les filles avaient très mal dormi, malgré leur fatigue. Elles ne se seraient pas imaginées que la forêt pouvait être aussi bruyante la nuit : des crissements, des piaillements, des petits cris d'agonies de bêtes se faisant piéger par des prédateurs, tout cela ne les avait pas rassuré, bien qu'elles aient remonté leur duvet jusqu'au dessus de la tête.
Comme l'avait ordonné Martin, les trois colonnes se mirent en marche en même temps. Il n'étaient plus question de se servir des appeaux depuis qu'ils s'étaient séparés, et il leur fallait scruter tous les alentours avec attention pour être certain de ne pas rater l'appareil. Ils coupaient les lianes, les broussailles de plus en plus pénibles à franchir, et c'est au bout d'une heure de marche, qu'une première fusée éclaira le ciel. Martin s'arrêta et attendit, une seconde fusée avait été lancée quelques secondes après la première.
« Dépêchons- nous de les retrouver, dit Martin, il y a un survivant! »
Un survivant! il y avait un survivant, pensait Myriam, qui était-ce? son père? Son cousin? Ou le pilote? Vite, il fallait faire vite!
Martin regarda sa boussole, puis souffla dans son appeau trois fois, trois coups de sifflet lui répondirent immédiatement, il les avait localisé. Il fit signe aux filles et commença à couper les branchages, afin d'ouvrir un passage vers l'ouest, d'où étaient venus les coups de sifflets. L'espoir les motivait tellement qu'ils ne ressentaient plus aucune fatigue, et quitte à s'épuiser, ils rejoindraient leurs compagnons le plus rapidement possible.
Enfin, ils arrivèrent sur le lieu du crash. Le spectacle était désolant, l'avion était éventré, le nez planté dans la gangue d'un ruisseau boueux, des morceaux de carlingue étaient disséminés à plus de vingt mêtres alentours. A environ dix mêtres de là, Julio et Juan dispensaient des soins à un homme appuyé contre un arbre. Les filles lâchèrent leurs sacs à dos et coururent vers le survivant :
« C'est Anthony, cria Myriam, Anthony, parle-moi, où est papa? Que s'est-il passé? Je t'en prie, répond-moi! »
« Il ne vous répondra pas, il est inconscient. Il a une fracture de la jambe et sans doute plusieurs côtes cassées; c'est une chance qu'il ne se soit pas perforé le poumon...il a bu de l'eau croupie du ruisseau car les gourdes étaient vides, il a du en ressentir les effets, car lorsque nous sommes arrivés, il criait de douleur en se tenant le ventre. Nous lui avons confectionné une attele, et nous avons dû réduire la fracture, la douleur était trop forte, malgré la piqure que nous lui avons faite et il s'est évanoui...il est dans un sale état! » Juan avait parlé en anglais, en regardant les filles d'un air dubitatif.
Pendant ce temps, Martin fouillait l'avion. Il découvrit les corps : le pilote était mort sur le coup, il s'était embroché dans le levier de commande. Martin fouilla dans le blouson de l'homme, en ressortit son porte-feuilles, décrocha la chaîne et la médaille de Saint Christophe qu'il portait au coup et lui ota son alliance; pour se faire, il dut lui casser le doigt, que la mort avait rigidifié.
Jean était à l'arrière, le visage en sang, une plaie à la tête avait dû saigner quelques heures avant sa mort, mais Martin doutait qu'il fut encore conscient pendant cette agonie. Il s'approcha pour récupérer ses effets personnels, comme il l'avait fait pour le pilote, et constata qu'une menotte et une chaîne à laquelle était accrochée une valise, pendait à son poignet droit. Il fouilla dans la poche de Jean, récupéra la clef et ouvrit la menotte pour prendre la valise, puis, après avoir pris ses papiers, inspecta le corps : Jean ne portait aucun bijou, seulement une montre en or à son poignet gauche. Martin la récupéra et mit le tout dans son sac à dos. Il se releva et s'approcha de Myriam :
« Je suis désolé pour votre père, lui dit-il en la prenant par l'épaule, je suis certain qu'il n'a pas souffert. ».
« Laissez moi le voir! Je veux voir mon père! » s'écria Myriam en se dégageant de l'emprise de Martin et en s'élançant vers l'avion.
« Non! Lui interdit Martin en la rattrapant, laissez nous le sortir de la carlingue! ». Myriam éclata alors en sanglots, le visage dans ses mains. Joëlle la prit dans ses bras et la câlina tendrement en disant :
« Oh! Ma chérie comme je suis désolée, pleure... tout cela est si triste, pleure, ma chérie... »
« Pourquoi ne s'est-il pas expliqué! Hoqueta Myriam entre deux sanglots, je lui en voulais tellement, et maintenant qu'il est mort, je ne peux pas lui dire que je l'aime! »
Les trois hommes regardèrent les filles d'un air compatissant, puis allèrent jusqu'à l'avion, sortir les corps de l'appareil. Martin prit une gourde et à l'aide de son mouchoir, nettoya délicatement le visage de Jean : Myriam devait garder un souvenir convenable de son père, avant de lui dire adieu... Martin et Julio se chargèrent d'ensevelir les corps, pendant que Juan s'occupait du blessé. Anthony avait repris connaissance pour dire à Myriam que les dernières pensées de Jean avaient été pour elle, puis, était retombé dans un état comateux quelques minutes plus tard.
Quand tout fut terminé, Julio dit une prière en espagnol et tous, laissèrent Myriam se recueillir quelques instants sur la tombe de son père, qui resterait dans cette forêt à tout jamais..........