Tout ceci remonte loin, bien loin, un temps plongé il me semble dans les brumes d’un passé compacté, dont les bornes se sont lentement étiolées, évanouies sous ce simple concept « c’était il y a bien longtemps » !
13 peut-être 14 ans d’âge, j’avais une franche aversion pour tout ce qui de près ou de loin touchait les mathématiques, « sciences des sots » m’avait-on dit et ça m’arrangeait fort bien ! Cependant il fallait bien parvenir à une moyenne plus qu’honorable dans cet institut très privé où j’étirais mes années de collège. Le ciel (ou quoi que ce soit d’autre faisant office de créateur de destin) m’envoya alors l’aide compatissante d’un « grand frère » matheux et plutôt patient. C’est amusant d’ailleurs comme ce M. n’a jamais vieilli dans ma pensée.
Vous allez dire : quel rapport avec le sujet du post à la fin ?
J’y viens, je promets, mais mince, je chavire mes souvenirs, vous ne pensiez tout de même pas que j’allais faire ça rapido-presto ? (ce serait mal me connaître, mais je le concède, vous me connaissez mal, un point pour vous !).
Donc , après avoir comme par magie démêlé une phrase codée hermétique (selon moi) d’une chose appelée équation dotée de degrés et d’inconnues multiples, le chevalier serviable eut je suppose l’impression de m’avoir torturée (faut dire que je n’ai pas lésiné sur la moue dubitative, l’œil-coker-larmoyant, le tremblement des petites mains paniquées… ah ces filles !), en tout état de cause, voilà ce de-plus-en-plus-sympathique jeune homme bien décidé à dérider mon front de linotte invétérée… et c’est là… là que nous retrouvons notre sujet !
Outre d’être un esprit purement scientifique, notre gentil M. (qui portait de jolies chemises classiques très claires qui mettait en valeur son teint de fils d’arménie) avait semble-t-il un certain don pour le crayonnage, il s’est mis à dessiner de petites choses dans les marges de mon cahier de cauchemars … toute une cohorte de petites bestioles avec un tas de petits messages de soutien…
Entrait alors dans ma vie ... LA COCCINELLE de GOTLIB !
Deux jours plus tard, je pleurais en silence dans l’auto familiale en direction des vacances d’hiver, emportant avec moi l’impression que ma vie était totalement nulle, parce qu’un gros bouton maudit perçait une de mes joues, que M. déménageait, et que je ne comprenais pas bien pourquoi tout était si triste d’un seul coup, alors que, tout de même j'emportais avec moi dans un sac de cours et qui venait de m’être offert si doucement le secret merveilleux... de la valse mathématique !
ce qui est certain c’est que pour moi cette drôlesse rayée est restée colporteuse d’un "truc" qu’alors je n’ai pas compris, que j’ai traîné longtemps et qui s‘appelle peut-être la nostalgie maintenant. Et c’est avec frénésie, qu’automate sombre et romantique, j’en surchargeais la moindre marge libre des années entières ! (mais bon tout ça c’est désormais passé, quoi que des fois…)
(mais pourquoi donc rêvais-je à l'époque de naître spontanément sous la pointe stabilo-vert d'un post-ado ténébreux?)
m-tite bestiole