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| Peter Handke | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Peter Handke Lun 26 Juin - 21:32 | |
| C’est étonnant, la vie. Dehors, les nuages se délivrent de leur pesanteur de plomb, il aura sans doute tonné une ou deux fois, une vague fraîche a envahi les champs croulants sous le blé en épis déjà prometteurs. Et je songeais sur le chemin du retour quelles nouvelles je pourrais bien écrire après cette mise en absence de quelques longues heures voulues, un ruisseau fou se constituait le long de la chaussée, un oiseau ivre volait bas sur le champ des herbes bleues, le CD sur le lecteur entamait pour la seconde fois le titre martelé Life Goes On (Cunnie Williams / BO Comme un Aimant)… et j’ai pensé à Peter Hanke, parce qu’à mon avis il écrit des livres sans se soucier des conséquences, qu’il jette, en pêle-mêle brut les mots tels qu’ils lui viennent, tels qu’il les pense, même si ça doit faire mal ou créer des ouragans… rien ne reste jamais pareil, Life goes on. Je sais aussi qu’il sera difficile de parler de Peter Handke, tout simplement parce qu’il écrit juste des choses qu’on est capable ou pas d’admettre, capable ou pas de laisser glisser sur soi, si c’est trop dérangeant. Depuis des années, à intervalle finalement assez régulier, je viens m’y confronter, m’y faire saigner les doigts, les yeux, sur ces menus coup de poignards dans le quotidien qui, si on les relie tous ensemble constituent bel et bien le destin de chacune de nos existences… êtres imparfaits, perclus de doutes et de silences, hésitants tels des pantins sur un fil ténu dont on ne sait rien, ni même où il conduit. Peter Handke a son identité, son chemin, consultable sur le net sans doute, ses prises de positions, ses coups de pieds dans la grande fourmilière. J’ignore pourquoi, son aventure ne m’intéresse pas plus que ça. Peut-être qu’il sait trop bien n’être qu’un être parmi les êtres, loin de des spot-light, peut-être est-ce ce silence-là qui fait qu’il reste possible de s’endormir certains soir, une page cornée dans un volume de la NRF et de voir que le lendemain la vie est à poursuivre. Et pourtant je ne me souviens pas d’avoir lu, jamais, des pages anodines de lui. Dérangeantes, oui, désopilantes aussi, des constructions infernales, jouant du monde comme d’un théâtre d’ombres… « pas le droit, je n’ai pas le droit. » cela je le pense si souvent ! Mais à penser ainsi un droit naît, cette consolante différence entre être et avoir. « j’ai raison », c’est autre chose qu’être « dans son droit » ( « dans mon droit », je le suis encore et toujours.). l’histoire du crayonGallimard nrf1982 trad 1987 ISBN 2-07-071164-1 dans son impuissance elle se raidit et s’ y surpassa. Elle devint susceptible et le dissimula derrière une dignité forcée, anxieuse, sous laquelle perçait à la moindre blessure un être sans défense saisi de panique. Il était très facile de l’humilier. Le malheur indifférentGallimard Poche - 122 pages (13 septembre 1977) ISBN 2-07-036976-5 Quatrième de couvertureLa mère de l'auteur s'est tuée le 21 novembre 1971, à l'âge de 51 ans. Quelques semaines plus tard, Peter Handke décide d'écrire un livre sur cette vie et ce suicide. Simple histoire, mais qui contient quelque chose d'indicible. Histoire d'une vie déserte, où il n'a jamais été question de devenir quoi que ce soit. Vie sans exigence, sans désirs, où les besoins eux-mêmes n'osent s'avouer, sont considérés comme du luxe. A trente ans, cette vie est pratiquement finie. Et pourtant, lorsqu'elle était petite fille, cette femme avait supplié " qu'on lui permette d'apprendre quelque chose ". Seule, la femme se tenait,l’assiette que l’enfant n’avait pas finie, à la main, devant le placard ouvert où se trouvait la boîte à ordure, elle avait le pied déjà posé sur la pédale de sorte que le couvercle resta levé. Accroupie, elle prit encore quelques bouchées avec la fourchette, les porta à sa bouche… La femme gauchèreLangue: Français Éditeur : Gallimard (13 juin 1980) Collection : Folio Format : Poche ISBN : 2070371921 Dimensions (en cm) : 1 x 11 x 18 Présentation de l'éditeur" Sans raison ", sous le coup d'une illumination qu'elle n'expliquera pas, la femme de ce récit demande à son mari de s'en aller, de la laisser seule avec son fils de huit ans. La voici, désormais, " libre ", bien que le mot, trop grand, trop précis, ne soit pas prononcé, ni pensé peut-être. Avec la simplicité déroutante que nous lui connaissons, Peter Handke impose puissamment à l'enchaînement des faits et gestes insignifiants de la vie quotidienne une dimension universelle et tragique. les titres sont très nombreux et chacun, je crois mériterait un post à lui seul, j'espère croiser d'autres lecteurs des"essais", que ce soit sur la fatigue, le juke box ou la journée réussie ainsi que sur le poids du monde, l'absence ou l'angoisse du gardien de but au moment du penalty... on trouve une courte bio (en anglais) sur le site de Wim Wenders (compagnon côté ciné, Handke s'y est essayé), ou sur le site bibliomonde(entre autre bien entendu). http://www.bibliomonde.com/pages/fiche-auteur.php3?id_auteur=367bonne soirée à tous. m-range sa bibliothèque |
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| Sujet: rilke => handke bibi Lun 26 Juin - 22:41 | |
| * Bonjour, Et pourtant l'horizon est déjà pourpre. J'ai lu Handke grâce à Rilke, pas étonnant quand on connait un peu les deux personnages. Voici une bio de Handke en français et pas mal faite http://perso.orange.fr/calounet/biographies/handke_biographie.htmDans la femme gauchère, cette femme demande à son mari de la laisser seule avec son fils. Pour elle, une émancipation mais aussi l'apprentissage de la solitude "rester dans la chambre et ne savoir que faire". Une vision extérieure d'une élucidation pschychologique. Peter Handke n'a pas beaucoup laissé la plume dans l'encrier. A chacun sa découverte d'un auteur quand même très médiatisé dans le milieu littéraire. A lire, par petits paragraphes espacés d'une respiration profonde de concentration pour une meilleure distantiation. Merci petitm de nous faire redécouvrir ce "monstre". Loustik qui doit rester médian |
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| Sujet: Re: Peter Handke Lun 26 Juin - 23:42 | |
| merci Zoé de dire que je peux donner l'envie de lire, tu vois mon humilité ne va pas jusque là et l'idée que ce que j'écris en vrac ici puisse un tout petit peu "forcer" la main du futur lecteur m'apporte vraiment une grande satisfaction. car de même que des personnes ont su générer en moi l'envie d'aller vers des champs inconnus ou méjugés jusque-là (ex: la musique, du "bruit" pour moi jusqu'à il n'y a pas si longtemps), me laisse supposer que j'ai une petite part de cette magie que je leur ai attribuée alors. faire les choses, en soi, c'est déjà un grand privilège, mais atteindre l'autre me semble confiner au merveilleux.
j'ai retrouvé dans ton post, Loustic, une plus juste formulation de ce que j'ai pu vouloir exprimer, je t'en remercie.
"A lire, par petits paragraphes espacés d'une respiration profonde de concentration pour une meilleure distantiation."
Peter Handke me semble en cela rejoindre d'autres auteurs, bien qu'ayant son domaine propre. je pense à Christian Bobin, l'homme des livres à feuilleter en désordre, piochant là une réflexion, là une suite de mots tels un aïku, je pense aussi à l'émotion imagée de Philippe Delerm qui sait si bien nous faire revenir au visage, les chaleurs de nos étés passés, les odeurs d'anciennes saisons, les petits éclairs de simple mais pure accuité du monde et des gens.
j'aime par dessus tout, je crois, avoir le sentiment qu'un acte terriblement personnel (LIRE) puisse finalement se prolonger vers un acte délibérement tourné vers l'autre (PARTAGER).
il est bien tard, je vous souhaite une nuit belle.
m-deux carrés de chocolat, un lait chaud et dodo. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Histoire d'enfant Mer 28 Juin - 20:20 | |
| * - Citation :
- Handke à l'école des pères. Publié il y a vingt ans, ce récit date de l'époque où Handke vivait seul avec sa fille aînée, à Salzbourg. La formule « vivre seul » est impropre puisque précisément il mettait des parenthèses à sa solitude pour se consacrer aux premières années d'Amina. Entre prétention au bonheur et violence contenue, leur existence quotidienne est un apprentissage du bonheur. La vie d’un adulte et d’un enfant n’est jamais ce qu’on attend mais toujours ce qui compte. De la naissance à sa sixième, l’homme vit donc avec son enfant en Allemagne ou à Paris où à lieu le premier contact avec l’école, celle « du seul peuple à pouvoir être appelé ainsi » d’abord et une école de banlieue ensuite.
L'enfant lui procure la même intensité qu'il trouve dans l'acte d'écrire. Ce que tout le monde fait machinalement paraît extraordinaire à Handke qui se soustrait de l’actualité du monde afin d'être père. La paternité ne semble pas être un obstacle à sa vision du monde, au contraire elle le maintient en éveil perpétuel. Dés la naissance de sa fille, l'écrivain n'a d'yeux que pour elle. Ce solitaire devient responsable d'une autre vie que la sienne. Grâce à l'enfant, il plonge au coeur du réel, de la poésie du quotidien et de l’errance affective. Il évoque le bilinguisme, « ce trésor qui provoque à la longue un divorce douloureux » ou encore « l’amabilité sans passion du professeur qui n’étaient même pas effleuré par l’idée de ce que pouvait être un enfant », le racisme… « Or les enfants sont les âmes de tous les hommes. Celui-là qui ne l’apprit point souffre certes moins, mais son bien-être n’est que bonheur manqué ». Il est rare qu'un écrivain manifeste autant de douceur dans une simplicité de ton qui délivre l'essentiel. « Ce qui est beau on le voit si mal ». Pascale Arguedas Loustik |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Peter Handke Mer 28 Juin - 20:28 | |
| * - Citation :
- « Il y a longtemps déjà que je veux écrire sur la durée, non pas un essai, une pièce, une histoire – la durée presse vers le poème. Je veux me demander par un poème, me rappeler par un poème, affirmer et garder par un poème, ce qu’est la durée. »
Peter Handke poète, sur les traces de Bergson.
La poésie que l’on a coutume de rencontrer dans les romans de Peter Handke éclot, comme par magie, dans une beauté éclatante, lumineuse, douce. Voici un très beau et minuscule recueil qui éclaire ce temps que l’on méprise parfois à tort car il prend des mesures d’éternité. « Le poème de la durée est un poème d'amour. Il parle d'un amour au premier regard suivi d'innombrables premiers regards ».
Pascale Arguedas - Citation :
- Extrait : Poème à la durée de Peter Handke
Non, la durée était un sentiment le plus fugitif de tous, plus rapide souvent qu’un instant imprévisible, ingouvernable, insaisissable, immensurable. Et pourtant, grâce à elle, j’aurais pu, quel qu’ait été l’adversaire, lui rire à la figure, le désarmer. J’aurais transformé l’opinion que j’étais un méchant en certitude : « il est bon ! » j’aurais été, s’il y avait un dieu, son enfant, le temps de sentir la durée.
Loustik |
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| Sujet: Re: Peter Handke | |
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| | | | Peter Handke | |
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