et de plus :
Quand Catherine Sommeyre-Triquet referme ses dossiers de Renseignements généraux, Caty de Savigny prend le micro et chante le Paris des Années folles. Histoire presque incroyable d’une femme-flic étonnante.
VOUS ne connaissiez pas Caty de Savigny? Ni Catherine Sommeyre-Triquet? C’est normal… La première est une artiste qui n’a pas encore fait beaucoup parler d’elle - mais ça va venir!
Et la seconde est commandant fonctionnel des Renseignements Généraux; elle est même la patronne des RG dans les Ardennes depuis le 1er janvier 2005. Toujours pas fait le rapprochement? Eh bien, il s’agit de la même personne!
Catherine Sommeyre-Triquet (pour l’état-civil) est certainement l’une des femmes-flics les plus… atypiques de France!
Quand elle raconte comment elle est entrée dans la police, on croit à une blague… et puis, non! «J’ai d’abord fait une licence d’anglais», explique cette fille d’enseignants, originaire de la région parisienne.»
Et puis, un jour, à 20 ans et quelques, elle a lu un San Antonio que lui avait prêté un copain. Elle a trouvé ça «drôle» et s’est inscrite à un concours d’entrée dans la police.
Du coup, c’en était terminé de ses rêves de jeune fille qui aurait voulu faire le Cours
Florent. «A 6 ans, j’ai commencé à chanter dans les réunions de famille, à jouer des sketches. Je voulais faire du théâtre. Mais quand j’ai eu 17 ans, mes parents m’ont dit qu’il fallait que je pense à un vrai métier!»
Vingt ans de Police judiciaire, deux ans de Sécurité publique et onze ans de Renseignements généraux n’ont cependant pas tué dans l’œuf l’envie de chanter et de composer ses propres chansons qu’a toujours manifestée Mme le commandant fonctionnel. Et lorsqu’on lui demande si ses supérieurs ne lui ont jamais fait de réflexions ni trouvé une incompatibilité entre le sérieux de la police et son personnage de chanteuse populaire un peu gouailleuse… «Au contraire!», claironne-t-elle, «j’écrivais des chansons sur mesure à chaque fois qu’un collègue partait en retraite. Un jour, mon commissaire m’a même dit: Sommeyre, va falloir en faire une sur tout le service!»
Aujourd’hui Caty de Savigny, alias Catherine Sommeyre-Triquet, prépare un album de douze titres.
Avec un cousin, l’ancien batteur de Nino Ferrer, un certain Bernard Leroy, et deux autres musiciens, Patrick Beaurain et Dominique Bouché, les arrangements des chansons de Catherine ont été pondus facilement.
C’est le style Années folles, un peu swing, un peu jazzy parfois. Quelques chansons comme Tonton le Mac et le Marquis s’inspirent de personnages réels et de malfrats qu’elle a croisés dans sa carrière. Catherine Sommeyre-Triquet a fait les choses en toute… légalité: elle a créé une association pour pouvoir produire le disque, le faire presser et faire un jour du cabaret! De ça, elle en rêve la Caty. «Dès que je suis en retraite…»
« L’Ardennaise », une chanson pour son département d’adoption
Le plus étonnant parmi les douze titres du futur album de Caty de Savigny, c’est L’Ardennaise !
« Je ne suis ardennaise d’adoption que depuis 2005 mais c’est un département qui m’a touchée. Les guerres, les invasions successives, 14-18, l’exode de 40, la crise économique... et puis les Ardennais qui sont toujours là, debout, toujours aussi fiers de leur terroir ! »
Caty est d’un naturel optimiste. « Il n’y a que deux alternatives : on est vivant ou on est mort. Et si on est vivant, on se bat ! Rien ne sert de se lamenter. Je sens que les Ardennais tiennent à leur terre. »
Mais la chanteuse pense qu’ils ont besoin d’un coup de pouce musical au moral, ces Ardennais malmenés et courageux...
Sur un air lent, inspiré de l’Amsterdam de Brel, les couplets égrènent l’histoire et la géographie du département : les souffrances, les victoires, les raisons d’espérer...
En revanche, le refrain sonne comme une marche militaire : La terre des Ardennes a pleuré maintes fois, les sillons de ses champs en ont vu des combats ! Impossible de se sortir L’Ardennaise de la tête une fois qu’on l’a entendue. Et c’est ce que son auteur voulait !
« Je l’ai fait écouter à des anciens et ils ont adoré ! » Cette chanson-là, extraite du futur album, doit sortir prochainement en single. « Je l’ai envoyée à Sarkozy et au secrétariat d’État aux Anciens combattants ». Carrément.
Caty rêve que son hymne à l’ardennitude profonde soit bientôt sur toutes les lèvres. Dans les Ardennes et ailleurs.
En tout cas, d’ici au 90e anniversaire de la victoire de 1918, en novembre prochain, les Ardennais risquent d’entendre (re)parler de L’Ardennaise.
Patrick Flaschgo
Cnior