Georges Brassens
S'il incarne d'abord la chanson "à texte", pour ceux qui n'ont pas vraiment écouté sa musique, Georges Brassens reste l'un des rares auteurs-compositeurs-interprètes français dont on puisse à peu près dire : "Tout est bon chez lui / Y'a rien à jeter". Présenté en 1952 par la chanteuse Patachou à Jacques Canetti (directeur artistique chez Polydor), il jette d'emblée le pavé dans la mare avec Le gorille, Le mauvais sujet repenti, La mauvaise réputation... autant de chansons qui mettent à mal la morale étriquée de l'époque. Il faudra s'y faire, car avec sa voix bourrue, ses mots ciselés et sa ténacité tranquille de brave type, le sétois n'y dérogera pas jusqu'à son dernier vers, dénonçant comme Brel et Ferré la bêtise humaine, mais dans des tonalités très différentes. L'armée, la police, la religion en prendront particulièrement pour leur grade, et il narguera de façon obsessionnelle la "camarde", réservant sa tendresse aux petites gens, aux Copains d'abords, aux Amours d'antan et autres trésors ordinaires de derrière la moustache. Fan de Mireille dans sa jeunesse, admirateur de Charles Trenet, ami de Raymond Devos et de Juliette Gréco, Brassens a été interprété par des centaines d'artistes, certains privilégiant (de Catherine Sauvage à Hubert-Félix Thiéfaine) les poètes qu'il a mis en musique de Victor Hugo à Louis Aragon, en passant par Paul Fort et Alphonse de Lamartine. D'autres, comme Maxime Le Forestier et le guitariste-chanteur Joël Favreau en deviendront les descendants actifs, ce dernier s'attachant à réunir différents artistes actuels dans des albums intitulés Ils chantent Brassens : Salvatore Adamo, Francis Cabrel, Françoise Hardy, Manu Dibango, Michel Fugain, Renaud, Alain Souchon... Une façon, encore une fois, de "tromper la mort".