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| Les hommes malades de la télévision | |
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chricaillou Commère du village
Nombre de messages : 77 Age : 67 Localisation : franche-comté Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Les hommes malades de la télévision Sam 13 Nov - 0:28 | |
| En ces temps incertains, les hommes regardaient Le monde à travers l'inconnu Qui leur parlait sur un écran, c'était parfait : Chacun croyait avoir tout vu, avoir tout su. D'ailleurs, quand il disait : «Il pleut, tout est perdu», Les hommes s'abritaient, peureux, A l'ombre d'un discours, leur livre ouvert en grand, Priant un petit peu, souvent, Comme si, tout à coup, eût été important De faire, en cas de pluie, ses comptes avec Dieu. Les rumeurs voisinaient avec la vérité Des célèbres, des courageux, Des misérables, jeunes, vieux, Tous ces personnages dont la tragique vanité Faisait frémir la société Figée devant son carré bleu Qui parle toute la journée. Il était important de connaître les noms Des maîtresses du prince, Le prix de l'or et du charbon, Suivre la mode avec passion et être mince. L'humain s'appauvrissait, le commun était bon. Les crimes commis en province Gagnaient, avec ferveur, la gloire de la presse Vendue à peu de prix à ceux Dont la vie s'étirait, inondée de tristesse, Haineuse pour le haut des cieux, Jusqu'à ce qu'un jour, la paresse Entourât les hommes d'une sorte de graisse Invisible, totalement, Douce contre le froid, mais chargée de bassesse. On eût dit, chaque soir, le repos bedonnant D'un troupeau d'animaux gavés par l'habitude. Dans leurs soupirs accommodants, On entendait la solitude, Imbibée par l'oubli, ronger avec ses dents Noircies par la décrépitude, Les soirs du temps volés à ses amants. Un tremblement de terre, à peine, Emouvait, pendant un instant, A l'heure du dîner, les surdités humaines, On comparait parfois, quand on les avait lus, Quelques romans de gare aux obus de la guerre Explosés à l'écran, et les cadavres nus Dans la fosse commune, au moment du dessert, Rapidement entraperçus, Après avoir rempli leur tâche vulnéraire, Disparaissaient de la mémoire. La fugacité des images Faisait, dans le salon, des rais rouges et noirs. C'était le temps de l'esclavage, Non celui qu'autrefois subit l'Afrique Noire, Mais, dans la tranquillité du soir, Un avilissement né d'un autre âge, Comme si, de l'écran, une sorcellerie Magnétisait l'humanoïde assis en rond, Sans qu'il s'en aperçût, jusqu'à ce que finît Totalement sa réflexion, Abolie, sans douleur, par la télévision. Ainsi l'humanité finit Au grand arbre son ascension Derrière elle, sa liberté Attend, sage, la panne d'électricité.
©M.KISSINE Vestiaires et labyrinthes - volume II - dépôt légal - ISBN 978-2-9534456-8-8 Salut à Jean de La Fontaine (Les animaux malades de la peste) | |
| | | Cnior Enlever lui les piles!!!
Nombre de messages : 692 Localisation : alsace Date d'inscription : 18/12/2008
| Sujet: Vision virtuelle des choses ( ou pas ) Sam 13 Nov - 1:22 | |
| Vision virtuelle des choses: Etonnant je trouve, le début de ta fable, me rappelle que ce matin même j'ai eu une discussion sur le virtuel envahissant apporté par les nouveaux moyens de communication et autres jeux vidéos auquel sont confrontés, surtout dit on, les jeunes et prétendument néfaste pour les relations. Prétendument dis-je car à y réfléchir, en pensant aux communications actuelles que l'on entretient par les liaisons internet, comme ici même, je trouve au contraire qu'elles font que l'on communique grâce à elles, beaucoup plus souvent et rapidement qu'avant, du temps pas si lointain du courrier par lettres et appels telephoniques (par les postes fixes ou cabines téléphoniques).
Alors qu'à y bien reflechir, j' ose dire qu'ils étaient tout aussi virtuels, car on ne se voyait pas plus et le contact physique était tout aussi inexistant ( et plus même, car grâce à des systèmes comme msn, on se voit même parfois). Et la télévision dés ses débuts à pourtant bien été célébrée pour le fait que l'on pouvait voir les gens si éloignés en réalité, mais ils n' étaient pourtant que tout aussi virtuellement que maintenant dans nos salons et nos cuisines, et pas moins que ne le sont nos contacts par internet ou portable ou jeux interactifs en réseaux. Et de ce temps là, on ne leur reprochait pas d'être virtuels et d' isoler les gens, on leur prêtait au contraire, les plus grandes vertus de rapprochement (du temps il est vrai ou les déplacements étaient beaucoup plus longs et donc rares). Alors je pense que peut être on ne devrait pas se précipiter dans de telles déclarations préconcues telles que celles ci, ou pousser des cris d'orfraie mais plutôt y réfléchir à deux fois. D' ailleurs, on voit bien que nos enfants sont très à l'aise dans ces nouveaux moyens.
Pourquoi leur reprocher alors, puisque avec ces moyens qui sont "les leurs", ils communiquent entre eux plus encore que nous le faisions à cette époque que nous qualifions maintenant de "bénie" ou de " 30 glorieuses".
Oui je pense que cette idée si fréquente de "virtuel qui nous éloigne" mérite d'être regardée à deux fois, même si on trouve parfois que trop de personnes sont rivées sur leurs écrans de PC ou de portable.
Cnior
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| | | Cnior Enlever lui les piles!!!
Nombre de messages : 692 Localisation : alsace Date d'inscription : 18/12/2008
| Sujet: Et la musique ? Dim 14 Nov - 14:04 | |
| Et à y bien regarder, beaucoup de choses dans la vie ne sont elles pas beaucoup plus virtuelles que réelles, en tout cas qu'on ne le pense a premiere vue ? A commencer pas la musique, une de ces créations dont on reproche à internet de permettre le partage libre sans en récompenser leurs auteurs d'ailleurs. La musique puisqu' elle n'a rien de physique, puisqu'elle n'est qu'une vibration de fréquences. La musique n'est elle donc pas en effet que virtuelle ? Qu' y a t'il de concret dans la musique? Vous devez bien admettre qu'on ne peut pas la toucher; même si par contre, elle, elle nous touche souvent. Et puisqu'on parle d' émotion, ne pourrait on aller jusqu'à en dire de même pour les sentiments? Peut on en effet toucher concretement l'amitié, l'amour, les sentiments .... Et ne dit on pas d'ailleurs qu'il n'y a pas d'amour, mais rien que des preuves d'amour ? Alors où est le concret, ou s'arrete t'il et ou commence le virtuel. Sans aller jusqu'à dire comme certains philosophes, que le monde n'existe que dans notre esprit, et qu'il n'est que la représentation que nous en avons. On peut tout de même y reflechir ...
Cnior | |
| | | chricaillou Commère du village
Nombre de messages : 77 Age : 67 Localisation : franche-comté Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Les hommes malades de la télévision Mar 16 Nov - 10:00 | |
| Bien sûr Cnior, il s'agit là d'un pamphlet qui dénonce seulement le revers de la médaille, la désinformation, la banalisation, l'apparent excès de choix de programmes, etc... et la passivité tranquille du téléspectateur. Mais y a-t-il moins de guerres et moins d'horreurs depuis qu'on les "voit" sans bouger de son fauteuil ? Quant au virtuel, je suis toute prête à dire que ça n'existe pas vraiment. Y a-t-il plus de solidarité au monde depuis qu'msn et autres ont permis un dialogue surréaliste (parce qu'instantané) entre deux points les plus éloignés de la terre. Qui traverserait la France pour secourir un "ami virtuel" dans la peine ? On déborde ici la simple fable sur la télévision-ronron...
Merci en tous cas Cnior, ta lecture est précieuse. Amitié C | |
| | | Cnior Enlever lui les piles!!!
Nombre de messages : 692 Localisation : alsace Date d'inscription : 18/12/2008
| Sujet: Re: Les hommes malades de la télévision Mer 17 Nov - 1:45 | |
| Oui oui j'avais bien compris le sens de ton pamphlet, meme si mon texte avait assez peu de rapport avec, seule l'idée en etait venue d'icelui. Par contre ton complément sur le virtuel est trés fort, c'est incontestable, et même montre le coté contreproductif de ces visions. On s'habitue (est-ce malheureusement possible) aux pires horreurs lorsqu'elles se multiplient ainsi devant nos yeux dès le plus jeune âge. On ressent malheureusement ta phrase << Qui traverserait la France pour secourir un "ami virtuel" dans la peine ?>> comme tres vraie. Et merci pour ton compliment qui m'engage à continuer. J'ai moi-même beaucoup de plaisir à te lire et t'ai déjà dit combien tes textes me touchent.
Cnior
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| Sujet: Re: Les hommes malades de la télévision | |
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