Papa conquiert le monde.
Avec la conquête du pérou pour l'espagne au début du XVIe s, le conquistador Francisco Pizarro est plus interessé par les richesses du pays et la tubercule ne l'interesse pas. Chroniqueurs scientifiques et voyageurs eux aussi attirés par ces terres permettront eux, d'en entendre parler pour la premiere fois sous le nom
de papa, que lui donne les incas. Ils en mangent toute l'année sous diverses préparations, ils ont divinisé cet aliment providentiel, et ils vénèrent même celles
ayant les formes les plus étranges qu'ils appelent Llalahues, surnom dont ils qualifient également leur grand prêtre.
C'est donc par l'espagne qu'elle fait son entrée en europe vers 1540. Le vocable se transforme en battata dont on trouve des traces écrites dont le nom est mentionné dans les registres de moines hospitaliers de Séville. Parallelement elle est aussi entrée aux canaries ou elle est encore aujourd'hui appelée ( a peler ? ) papa.
Elle entrera ensuite en italie en allemagne et en belgique par le légat du pape, qui en fait don à Philippe de Sivry, gouverneur de la ville de Mons. Celui ci intrigué en envoie à son tour des spécimens au grand botaniste francais Charles de l' écluse, alors jardinier impérial à vienne. C'est par lui qu'elle parvient à Leyde en allemagne
où il en fait pousser et en offre à ses confrères étrangers sour le vocable kartofel. Elle parviendra ensuite en suisse avec Gaspard Bauhin qui en 1595 lui donne son nom scientifique de solanum tubérosum. Et c'est alors qu'elle penetre en france. Olivier de Serres lui consacre un chapître de son ouvrage d'agriculture en 1601.
Il y parle de ce tubercule appelé cartoufle venu en dauphiné depuis peu, mais il se passionne davantage pour le chou fleur venu d'italie.
Parralelement le tubercule est parvenu dans les îles britannique par l'irlande où sir Walter Raleigh ministre et proche de la reine la cultive sur ses terres où les irlandais pauvres et affamés l'adoptent rapidement. C'est grâce à lui que la "potato of virginia" fait son apparition sur la table royale d'angleterre en 1619, ce qui n'empêchera nullement lorsqu'il sera disgracié par Jacques 1er successeur d 'Elisabeth d 'être décapité.
En france elle rencontre beaucoup de méfiance et d'hostilité de la part du roi et de la noble société qui l'imite. Diderot dans son encyclopédie la désigne comme
<< fade et farineuse de quelque manière qu'on l' apprête >> mais la grande famine de 1770 permet à Antoine Augustin Parmentier de démontrer qu'elle est capable de prosperer sur les terres les plus incultes, et de supplanter les aliments ordinaires qui ont fait défaut en temps de disette. Et grâce a Buffon, Condorcet Maurepas et Turgot son mémoire est publié. Il est vrai que sa carriere de pharmacien militaire commencée trés jeune pendant la guerre de sept ans, durant laquelle il avait été fait plusieurs fois prisonnier, lui avait permis de se nourrir des tubercules. Il est vraisemblable qu'il en avait gardé une reconnaissance éternelle. En 1785 le blé se faisant encore plus rare, Louis XVI lui accorde un terrain réputé incultivable aux sablons où traditionnellement sont organisées des courses de chevaux auxquelles le roi vient
parfois assister. Il peut ainsi prouver que son tubercule peut pousser dans les terrains les plus incultes. Au mois d'aout il offre un bouquet des fleurs violettes à la reine
Marie Antoinette. L'année suivante c'est la plaine de grenelle qui est réquisitionné et le produit de la récolte est distribué aux indigents et aux cultivateurs. Le roi et la reine arborent des fleurs de pomme de terre lui à la boutonniere, elle à son chapeau. Le menu du banquet aux invalides du 21 octobre 1787 est a base d'un aliment unique la pomme de terre accomodée de diverses façons. L'évenement contribue à la popularité naissante du légume. Il mourra en 1813 et 3 ans aprés sa mort les pharmaciens francais réuniront une somme qui permettra l' élévation d'un monument funéraire au cimetierre du père lachaise où il repose et où pendant de nombreuses années, en aout sa tombe sera ornée de fleurs de pomme de terre.
Mildiou (1840 ) doryphores ( 1874 ) et secheresse ( 1976 ) lui causère depuis, bien des tracas à tel point que certaines variés, comme la belle de fontenay ne doit qu' à une culture en éprouvette d'être sauvée.
Quelques morceaux mémorables.
Outre ses mutiples préparations culinaires que nous ne développerons pas ici, elle permet aussi par distillation la production d'un alcool liqueurs, vodka pour les russes, aquavit ( parfumé au cumin et à l'anis) pour les danois, schnaps pour les allemands.Mélangée à du lait caillé elle permet même à certains pays reculés d'europe de l'est de préparer un fromage. La frite semble être apparu d'abord en belgique, dans les échoppes, coupée en batonnets dans les fritures, remplaçant les petits poissons quand ceux ci venaient à manquer. D'après A Dumas dans un << grand dictionnaire de cuisine >> un médecin de Stockolm avait créé avec des feuilles de pomme de terres séchées, écrasées et roulées dans du papier, du tabac sans tabac. Utilisée maintenant par l'industrie dans la création et la confection de biscuits, entremets , patisserie, margarine, papiers, cartons, colles, gommes, apprêts pour toiles à peindre. La seconde guerre a vu la création par les américains des chips ( chips = copeaux), de la purée de flocons.Et le XXe s. l' a surgelée en frites. De trés nombreuses variétés ont été crées depuis. La rattte, la charlotte, la belle de fontenay, la bintje, la bf15, la roseval, la bonette et tant d'autres. La bintje porte le nom de l'une des neuf filles de l'instituteur botaniste hollandais M de Vries qui l'a créée, c'était sa 10eme création. Elles n'étaient au début que deux l'anglaise jaune et l'allemande rouge. Une centaine sont régulièrement cultivées et une cinquantaine se trouve sur les étalages des commerces qui varient en quantité selon les années, les saisons et les récoltes.
Sa saveur qui n'est ni sucrée, ni amère, ni salée, ni acide lui offre sa saveur douce.
Attention, la solanine qui tâche de vert cette solonacée la rend amère et indigeste
Elle est même citée en littérature classique comme par shakespeare dans plusieurs de ces pièces de thêatre.
Remerciements à la librairie gourmande et au livre de recettes Campanile base de texte dont je me suis fortement inspiré
Cnior
