HUBERT ACADEMICIEN
Monsieur HUBERT DE MAUTAUBANT, écrivain de talent et fort de son savoir sur la langue et la culture française, espère être élu Académicien, comme son ami JACQUES HENRI DUBLOC.
Pour Hubert, rien ne vaudrait une si grande distinction et il ne doute pas un seul instant que sa collaboration apporterait un grand élan à l'Académie Française.
Notre Hubert, au cours d'un repas entre amis, expose son projet à Jacques Henri, qui lui précise qu'il lui faudrait être présenté par deux autres Académiciens qui démontreraient à l'assistance, la validité de la collaboration du nouveau venu.
« Pour se faire, lui dit-il, je ne vois qu'un moyen : invite tous les académiciens à ta table, et nous pourrons disserter sur les problêmes qui nous occupent, puis au moment du café, si nos amis sont subjugués, ce dont je suis certain, il se trouvera sûrement deux habits verts qui n'hésiteront pas à t'introniser et te faire entrer dans notre Institution...mais il te faudra choisir le repas avec soin, ces messieurs ne sont plus de la première jeunesse : le cholestérol les guette, l'hypertension les travaille, le diabète s'installe... J'ai dailleurs le nom d'un excellent édulcorant, un sucre sans sucre : ''Le Sucsans'' qui se boit dans le café. Sa présentation est en sachet individuel et pratique. Tu le trouveras facilement en pharmacie. Nos amis seront sensibles à cette attention envers eux!. Enfin, tout, de cette façon devrait se passer pour le mieux. »
Remerciant son ami, Hubert se met en charge d'élaborer un repas parfait, favorisant les salades vertes, les viandes non grasses, les poissons délicats, les légumes frais à volonté et pour dessert de délicieuses salades de fruits. Il ne lui reste plus qu'à aller à la pharmacie pour acheter les édulcorants conseillés par Jacques Henri, dont il a écrit le nom sur une page arrachée de son calepin et enfouit dans la poche de son pantalon.
Mais Hélas! Sa vieille gouvernante a lavé le pantalon, et il n'a pu sortir de la poche, qu'un ''papier chiffon'' sur lequel le mot de l'alicament est presque illisible. Il décide d'aller chez le pharmacien et de lui faire lire le document en lui précisant qu'on trouve ce produit en sachet individuel.
Le pharmacien lit le papier, paraît reconnaître le nom : ''supsex'', sourit à Hubert d'un air entendu et lui demande :
« Combien en voulez-vous? »
« Oh! Vendez-m'en une cinquantaine, nous serons plus de vingt à cette réunion... deux par personnes ne seront pas de trop! »
Hubert, préoccupé par sa soirée, ne se rend même pas compte de l'ébahissement du pharmacien, paie son achat, emporte son paquet et rentre chez lui, fin prêt pour les préparatifs du dîner de sa vie.
Arrive le soir du repas : tout se passe pour le mieux, les serveurs font diligence, on discute à bâtons rompus des problêmes de la langue française, du dictionnaire, de la société, des affaires dans le monde. Tout est parfait jusqu'au dessert. Hubert est aux anges, c'est merveilleux!
Le repas terminé, arrive le café, fumant et parfumé à souhait. Chaque tasse est remplie et Hubert apporte sur la table les sachets de sucre sans sucre et les propose tour à tour aux invités qui regardent les sachets, froncent les sourcils...et décident de boire leur café nature.
Hubert, un peu perplexe, se dit que ces messieurs ne connaissent pas la marque de cet édulcorant, il prend un sachet d'un air dégagé, l'ouvre en souriant et découvre...un préservatif!!!
Croyez-vous que Messieurs les habits verts ont de l'humour, et bien oui! L'explication du quiproco les a beaucoup amusés et Hubert est très fier de porter ce costume si longtemps briqué.
