Edito de Philippe Schweyer dans la revue gratuite NUOVO N° 17 ( extrait)
"Deux amis devisent des chansons de Brassens et de Brel"
<< ... - Brassens au moins il articule
- justement je crois que c'est ca qui me gene, on comprend tout
- un mec qui chante dans sa barbe c'est plus relax et ca laisse un peu de place à l'imagination.
- ah oui et si il chante des conneries ?
- du moment que je peux m'imaginer des trucs insensés.
- et Brel, tu trouves qu'il articule trop lui aussi ?
- Il ne mâche pas ses mots.
- au moins il crache ses tripes.
- Peut être mais ces histoires de bourgeois ca me casse un peu les bonbons.
Je prefere reécouter un vieux disque de trust, j'écoute antisocial, j'ai envie de tout faire
pèter, alors que Brel me fiche un sacré cafard.
- je te parle de Brel et tu me parles de trust.
... là il se lève brusquement:
- je vais te faire écouter quelque chose que tu n'as jamais entendu !
Dès les premieres notes je reconnais la mélodie du plat pays de Brel, mais je ne comprends pas du tout les paroles.
- C'est quoi cette langue bizarre ?
- C'est du néerlandais. C'est mijn vlakke land, une reprise du plat pays par Matthias Kadar.
Ecouter et poursuivre la lecture à partir d' ici:
http://www.deezer.com/listen-13873028 Je m'allonge un peu plus sur le canapé et je ferme les yeux. C' est comme si un barrage interieur venait de ceder. Je me laisse envahir par une vague de chaleur. La musicalité et la sincérité qui se dégagent du morceau me percent le coeur. Je ne pense plus du tout au plat pays, mais plutot à un paysage alpestre. Depuis un lointain sommet, quelqu'un me fait des signes. Je crois reconnaître la jeune fille mystérieuse qui salue Marcello Mastroianni à la fin de la Dolce vita.
Je suis en plein brouillard, surmonté par une émotion incontrolable. Elle me sourit une derniere fois, ferme une porte que je n'avais pas vue et disparait. Je rouvre les yeux et me lève pour pour relancer le morceau. Cette fois je valse à travers la pièce les bras grand écartés. Maintenant je suis Belmondo dans Pierrot le fou. Encore quelques mesures et je me ferai sauter la tête à la dynamite. Putain de musique. >>
Vraiment désolé Buffalo mais je comprends et je ressents, alors je partage.
Cnior