Le sang des anges..
De quelle couleur est le sang des anges ?
Certains le disent sensiblement rouge ou vermeil
comme chez tous les éphémères en qui sommeillent
sur la terre, dans la nuit froide, les prières en veilles
D’autres vous le diront comme une verte lueur dans l’espérance
comme un souvenir dans les songes et leurs reconnaissances
comme un soupir, un murmure de l’âme en partance…
Vers d’autres lieux plus spirituels et combien étranges
de quelle couleur est le sang des anges ?
D’aucuns vous diront qu’il n’a sans doute aucune teinte, n’est ni blanc ni noir
car ce ne sont plus des anges mais des êtres possiblement dits immatériels
sans enveloppe de chair qui, amoureusement et étroitement, nous surveillent
du haut de quelques nuages enrubannés, une harpe d’or entre leurs doigts d’ivoire
peut-être que ces derniers jamais aussi ne saignent
dans leur condition autre que celle, austère et reine,
d’avoir seulement celle que l’on dit d’apparence humaine
Et que s’ils sont si tristement solitaires et sombres
ce ne sont plus des anges mais des démons
dans des gouffres noirs ou des abîmes sans fond
d’où le diable les affligent de son immortel pénombre
Mais d’un poupon encore enveloppé dans ses langes
ne dit-on pas de lui qu’il est un angelot dont les franges
luisent dans la pâleur orangée d’un clair de lune bleuté
et dont l’azur brille en ces yeux fermés qui dorment, hanté
Par les images et les bontés d’ailes déployées en losange
De quelle couleur sont donc les ailes d’un ange ?
Mais que font-ils, éternels, du haut de quelque rocher, à la cime lointaine,
à contempler la masse humaine grouillante et rampante, douloureuse peine,
Où tout n’est plus que crasse et misère se roulant dans la boue et la fange ?
C’est que, voyez-vous, il n’est pas d’amour blanc et plus divin
que celui de cet être envers leur mortel et irresponsable voisin
et dans ce sentiment qui l’habite en permanence
où vous verrez dans quelque rêverie et somnolence
De quelles couleurs sont donc les yeux d’un ange ?
Et même quand l’homme arrête de croire en lui, en sa demeure,
où l’auréole de son éclat dorée finit par jaunir et ternir, altier,
l’ange ne meurt pas, il cesse simplement d’exister
dans les consciences, figé pour un soupçon d’éternité,
en sa prison de verre, dans le ciel et ses merveilles,
il se recueille, attendant simplement qu’on le réveille
et quand, je serai moi aussi étendu dans mon humide caveau
et que j’entendrai chanter l’essaim du choeur des archanges
je leur dirai, moi, à tous ces héros, chérubins, angelots, anges
quel sera donc le sort réservé à vos transparents tombeaux
en votre cité faite de neiges éternelles et de flambeaux
où le sexe n’a pas d’appartenance ni d’âge, mais mieux
comment faites-vous pour être alors si nombreux ?
De quelle couleur est donc la cité du choeur des anges ?
De quelle couleur sont donc le sang et le coeur d’un ange ?